Le rêve américain de la gomme arabique devient réalité

C’est une décision qui était attendue depuis plusieurs années par les industriels. Et pour laquelle ils ont milité d’arrache-pied. Car c’est sur la base d’études cliniques qu’ils ont commandées, et suite à plusieurs pétitions citoyennes, comme il est d’usage d’en faire aux États-Unis, que la gomme arabique a de nouveau obtenu le label de « fibre alimentaire », perdu en 2016 suite à un changement de réglementation dans le pays.

Cette nouvelle reconnaissance des bienfaits biologiques de la sève d’acacia séchée ouvre désormais de nouvelles opportunités économiques aux acteurs de la filière : les États-Unis achètent en effet environ un tiers de la gomme commercialisée dans le monde à l’état de poudre.

Un feu vert pour de nouveaux produits diététiques

Le leader français de la transformation de la gomme d’acacia, le groupe Nexira, s’attend donc naturellement à une demande qui pourrait grimper ces prochaines années, même si « la croissance est difficile à évaluer dans un secteur déjà en pleine expansion » souligne Mathieu Dondain, le directeur général. La non-confirmation de ce statut aurait bridé la filière explique l’industriel, alors qu’aujourd’hui avec cette « qualité » de fibre reconnue, tout un éventail de produit « santé » va pouvoir être reformulé ou développé. Certains sont prêts et sont déjà dans les starting-blocks des industriels pour être mis sur le marché américain, très friand en produits diététiques.

Le label « fibre » qui sous-entend « bon pour la digestion » va profiter aussi aux géants de l’agroalimentaire qui pourront apposer une valeur « santé » sur leur étiquetage. Cela concerne notamment les sodas les plus consommés au monde ou encore les fabricants de céréales et autres biscuiteries et confiseries. Car la gomme est présente dans une multitude d’aliments grâce à ses qualités d’émulsifiant, texturant, ou encore de dragéifiant, naturel. D’autant qu’elle est mieux tolérée à haute dose – passée 5 g –, que d’autres fibres, d’où son qualificatif de « gentle fiber ».

Quel impact pour les prix ?

Si croissance de la demande il y a, ce devrait être un stimulant pour ceux qui récoltent la gomme. À l’heure actuelle, seul un faible pourcentage des acacias est exploité dans la bande sahélienne, dans la quinzaine de pays producteurs, le Soudan en tête. La limite d’une production accrue étant le mode d’exploitation, car l’acacia ne pousse pas dans des plantations, mais sur des zones géographiques très étendues. 

Grâce aux nouveaux débouchés qui se dessinent, le groupe Alland et Robert, l’autre acteur qui compte sur le marché français, espère pouvoir multiplier les contrats annuels avec ses fournisseurs « et continuer ainsi à assurer un revenu stable aux producteurs », explique Charles Alland, son directeur général adjoint. Préparée à une activité en pleine croissance, l’entreprise familiale française construit actuellement son quatrième atelier de transformation de la gomme. Même dynamique chez Nexira qui a investi l’année dernière pour augmenter ses capacités de production sur son site de Normandie et qui possède aujourd’hui la seule usine de prétransformation sur le sol africain, au Soudan, d’une capacité de 15 à 20 000 tonnes par an.

Malgré la croissance du marché mondial anticipée par les industriels, il est encore trop tôt pour dire si la nouvelle réglementation américaine aura un impact réel sur les prix de la gomme brute payée localement et si oui dans quelles proportions.