Hérault : l’agriculture pousse pour l’agrivoltaïsme

La préfecture et la Chambre d’agriculture de l’Hérault s'engagent pour développer l'agrivoltaïsme. Un projet qui n'emballe pas la Confédération Paysanne.

L'agriculture héraultaise prête à favoriser le développement des installations agrivoltaïques.
L’agriculture héraultaise prête à favoriser le développement des installations agrivoltaïques. (©Sun’Agri)
Voir mon actu

Jérôme Despey, président de la Chambre d’agriculture de l’Hérault, estime que les agriculteurs doivent saisir l’opportunité qu’offre la loi d’accélération des énergies renouvelables (entrée en vigueur le 10 mars dernier) pour mieux développer l’agrivoltaïsme, qui consiste à produire de l’énergie sur une parcelle agricole grâce à l’installation d’ombrières ou de panneaux photovoltaïques au-dessus des cultures…

À lire aussi

Pour un agrivoltaïsme maîtrisé 

Pour autant, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi : « L’agrivoltaïsme peut représenter des risques pour l’agriculteur, d’une part en termes d’effets d’aubaine sur le plan financier (rentabilité de la production énergétique, augmentation du prix du foncier agricole…) et d’autre part en termes d’impact sur les paysages agricoles qui participent pleinement à l’attractivité du territoire », souligne Jérôme Despey.

"Oui à l’agrovoltaïsme qui permet de pallier à la consommation des terres agricoles tout en permettant la production d’électricité verte, mais pas au détriment de la production agricole elle-même"

D’où la signature d’une charte avec la Préfecture de l’Hérault qui borde le côté « réglementaire » de l’agrovoltaïsme : « Grâce à cette charte partenariale inédite, nous entendons favoriser l’émergence de projets de transition énergétique sérieux et de qualité, qui bénéficieront réellement à l’activité agricole d’aujourd’hui et de demain », assure Jérôme Despey.

Le sous-préfet Pierre Castoldi et Jérôme Despey (président de la Chambre d'agriculture de l'Hérault) ont signé la charte de l’agrivoltaïsme.

Jérôme Despey, président de la Chambre d’agriculture de l’Hérault,
Le sous-préfet Pierre Castoldi et Jérôme Despey (président de la Chambre d’agriculture de l’Hérault) ont signé la charte en faveur de l’agrivoltaïsme. (©dr)

Installations au sol ou sur bâtiment

Autrement dit, oui à l’agrovoltaïsme qui permet de pallier à la consommation des terres agricoles tout en permettant la production d’électricité verte, mais pas au détriment de la production agricole elle-même. L’un ne pourra pas remplacer l’autre, et c’est dans cette vision que la préfecture et la Chambre d’agriculture de l’Hérault ont défini un « cadre partagé » pour l’accompagnement des futurs projets agrivoltaïques, qu’ils soient au sol (c’est-à-dire sur les champs) ou sur les bâtiments agricoles.

Un accompagnement des projets

« Concrètement, pour tout projet, les agriculteurs devront solliciter l’avis du pôle EnR, une instance mise en place par les services de l’État dans l’Hérault depuis le début de l’année », précise Pierre Castoldi. Les agriculteurs seront accompagnés dans l’étude du projet et de ses éventuelles contraintes (risque financier, paysage, biodiversité…) et l’Etat leur adressera des préconisations, notamment sur le plan agricole : « Cette étape leur permettra d’améliorer la qualité de leurs dossiers avant, le cas échéant, de les déposer officiellement », conclut le Préfet.

À lire aussi

La Confédération Paysanne contre l’agrivoltaïsme

« Nous ne tomberons pas dans le panneau de l'agrivoltaïsme », affirme la Confédération Paysanne qui avance ses arguments : « Le couplage entre production solaire et production agricole est perçu comme un moyen pour développer les EnR et apporter un complément de revenu aux agriculteurs.  À première vue, l'agrivoltaïsme a tout pour plaire... En réalité, cette notion relève du marketing et vise à légitimer un opportunisme foncier et financier dans un contexte difficile pour le monde paysan »
Pas tendre, le syndicat paysan sème le vent de la discorde : « L'agrivoltaïsme éloigne de l'autonomie : il ajoute à la dépendance au complexe agro-industriel (les industries de la grande distribution, celles des engrais et des pesticides, celles des semences, des machines agricoles, des banques, etc...) une autre dépendance plus moderne et consensuelle, car porteuse de l'image de l'énergie renouvelable ».
La Confédération liste les effets « pervers » de l’agrovoltaïsme :  atteinte à la vocation nourricière de la terre du fait de l'artificialisation et d'une moindre disponibilité foncière, précarisation des paysans, perte de la qualité de vie au travail, dégradation des paysages, atteinte à la biodiversité… Alors que les gisements photovoltaïques sur les toitures et les espaces artificialisés sont largement suffisants pour répondre à la demande d'électricité renouvelable, la Confédération paysanne récuse la notion d'agrivoltaïsme et exige l'interdiction des centrales photovoltaïques sur toutes les terres agricoles, naturelles et forestières ».

.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.

Dernières actualités

Métropolitain

Voir plus
Le Journal Lire le journal