Pourquoi l'énergéticien de Sophia Antipolis TSE lève 130 millions d'euros

La Sophipolitaine spécialiste de l’énergie solaire qui a développé des solutions innovantes en photovoltaïsme et agrivoltaïsme a levé 130 millions d'euros pour accélérer la décarbonation de la France.

K.Wenger Publié le 04/05/2023 à 10:57, mis à jour le 04/05/2023 à 17:26
TSE – dont le chiffre d’affaires se répartit à 80% dans la réalisation de grandes centrales et à 20% dans les ombrières et toitures – investit dans l’innovation près d’une dizaine de millions d’euros par an, explique Mathieu Debonnet, son cofondateur et président. (Photo D.R.)

En levant 130M€, la Sophipolitaine TSE – acronyme de Third Step Energy – fait un pas de plus vers la décarbonation de la France. Normal quand on sait que son nom est inspiré d’un livre de 2011 dans lequel l’économiste américain Jeremy Rifkin prédisait que la troisième révolution industrielle serait celle des énergies renouvelables.

"On est en plein dedans", assure Mathieu Debonnet, président et cofondateur de l’entreprise. Acteur indépendant de l’énergie solaire, l’Azuréenne entend profiter du momentum pour financer sa R&D, développer des projets solaires photovoltaïques et agrivoltaïques et ce faisant, accélérer la transition énergétique de la France.

Prix compétitifs

TSE est ce qu’on appelle un développeur opérateur de projets solaires qu’ils soient au sol ou en toiture. "À l’instar d’un promoteur immobilier, nous sommes un acteur intégré sur la chaîne de valeur, précise Mathieu Debonnet, du développement de la centrale solaire jusqu’à son financement, en passant par sa construction, son opération et sa maintenance…"  Avant de revendre l’électricité produite à EDF ou bien à des entreprises. Des coopératives agricoles, des grands groupes dans l’industrie, la distribution… qui apprécient les prix compétitifs: 80€ le megawatt heure alors que le marché pour 2024/25 avoisine les 200€.  Au point de signer des contrats de vingt ans avec TSE.


Les Alpes-Maritimes n’étant pas un grand territoire solaire, faute de foncier, la Sophipolitaine a dû déployer ses solutions ailleurs en France. Certes, elle propose des panneaux solaires sur les toits des entreprises et des ombrières de parking – une obligation pour ceux extérieurs de 1.500m2 selon la loi du 10 mars2023 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables –, sa force, ce sont les projets de grande taille, entre 5 et 6hectares qu’elle installe sur du foncier dégradé comme d’anciens aéroports ou friches industrielles et des terrains agricoles.

"Il y a deux ans, nous avons réalisé la centrale photovoltaïque de Marville, la seconde plus grande centrale de France: 200hectares et 155mégawatts près de la frontière luxembourgeoise", précise son dirigeant.
TSE qui emploie 260 salariés pour près de 30 M€ de chiffre d’affaires a, en portefeuille, une vingtaine de pilotes en développement. Le hic, c’est que développer un projet est chronophage – cinq ans environ – et coûteux : entre 8 et 10M€ pour un de 10ha et d’une puissance de 10 mégawatts crête par heure.

D’où la levée de 130M€ réalisée auprès de trois acteurs majeurs de la transition énergétique: Eurazeo, Bpifrance et un pool d’investisseurs du Crédit Agricole, représenté notamment par IDIA Capital Investissement et Amundi. Elle intervient deux ans après un premier tour de table d’un montant similaire "sur lequel nous n’avions pas communiqué avec la Caisse des Dépôts et le Crédit Mutuel", avoue Mathieu Debonnet.

Première mondiale

Cette somme permettra de soutenir la forte ambition industrielle de TSE en France uniquement "Le marché y est colossal". Dans sa ligne de mire, "Développer 1Giga de puissance annuelle tout en conservant au moins 51% de parts de chacun de nos actifs, confie le président. Ce qui fait de nous une entreprise du top 5 français." 

Autre objectif: poursuivre sa forte politique d’innovation commencée il y a cinq ans "quand nous nous sommes rendu compte que le foncier disponible était celui agricole. On s’est donc demandé comment l’utiliser de façon intelligente." Réponse? En mêlant culture agricole, élevage et panneaux photovoltaïques grâce aux nombreuses solutions numériques développées par son pôle d’ingénieurs en interne.
À l’instar de cette ombrière agrivoltaïque, un système de panneaux solaires rotatifs positionnés sur des câbles à 5,5m de hauteur, laissant passer en dessous n’importe quelle machine agricole et qui garantit un revenu pour le propriétaire et l’exploitant sur le long terme. "Une première mondiale inaugurée en Haute-Saône en septembre dernier, se rengorge Mathieu Debonnet. On est en train de finaliser un deuxième pilote sur des cultures maraîchères en Picardie. Non seulement, on produit de l’énergie photovoltaïque mais on protège les cultures et on optimise leur irrigation grâce à notre système piloté par l’IA. Il devrait permettre d’économiser jusqu’à 40% d’eau pour le même rendement!"
Même topo pour l’élevage. "Nos ombrières, semblables à un mini-préau situé à 2,5m de hauteur, fournissent un ombrage tournant qui protège les herbages et les animaux de l’irradiance. De fait, ils peuvent paître de façon naturelle plus longtemps. À la brique technologique s’ajoute aussi celle dépollution puisque nous faisons du redéploiement de biodiversité avec l’Ademe ou le WWF sur les terrains dégradés. On investit 1% de nos dépenses d’investissement au redéploiement de la biodiversité."
Le dirigeant d’insister: "Notre feuille de route est ambitieuse mais le solaire a montré qu’elle était l’énergie la plus propre et compétitive de toutes." Et qu’il faudra miser sur elle pour décarboner le pays.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Nice-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.