Alors que la consommation de ressources pourrait doubler en 20 ans selon l’OCDE, l’économie circulaire s’affirme comme une nécessité. Les entreprises françaises développent des indicateurs, mais les baromètres sont multiples. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement.
C’est un peu la borne kilométrique de nos routes. L’indicateur annonce la direction et le chemin parcouru. Analyse du cycle de vie (ACV), facteur carbone, émissions de gaz à effet de serre évitées, taux de valorisation des déchets, recensement de produits éco-conçus, pourcentage d’eaux usées réutilisées… Le problème, c’est que cet indicateur est polymorphe, tant les champs d’investigation sont larges, de l’extraction des ressources à la fin de vie d’un produit. Une diversité favorisée par l’absence d’outils officiels d’évaluation, comme l’a récemment souligné une étude de la Fondation Ellen McArthur. Quelques référentiels ont toutefois fait leurs preuves, comme celui de l’Ademe (1) par secteur d’activité, ou celui du WBCSD (2).
160 indicateurs différents
En se basant sur leur rapport de développement durable, l’étude de l’Institut national de l’économie circulaire (Inec) et d’EpE (Entreprises pour l’environnement) décortique les indicateurs employés par une quarantaine de grandes entreprises. Premier résultat : elle en dénombre 160. « 60 % d’entre eux portent sur les déchets. Un réflexe historique au sein des entreprises », observe David Laurent, responsable du pôle Climat et ressources d’EpE. « Mais nous observons une tendance nette vers les indicateurs émergents, en particulier pour évaluer l’éco-conception, la durée d’usage ou encore la part de marché », poursuit-il.
Indice obligatoire
Dans le secteur des équipements électriques et électroniques, les fabricants devront aussi se pencher sur l’indicateur de réparabilité, rendu obligatoire sur les produits à partir du 1er janvier 2020 par le ministère de la transition écologique. Il devrait être étendu à d’autres produits, selon le directeur de l’économie circulaire de l’Ademe Marc Cheverry.
Plus opérationnel qu’économique
Autre apport de l’étude : les indicateurs opérationnels sont plus fréquents que les indicateurs économiques. Le groupe Veolia en utilise une quinzaine pour évaluer les flux de matières, d’eau et d’énergie. Aucun n’évalue, en revanche, les performances économiques de ces opérations.
Évolution polymorphe
« Dans tous les cas, l’entreprise doit commencer par inclure sa stratégie Économie circulaire au sein de sa politique globale. Ensuite, elle pourra définir ses propres indicateurs et analyser leur évolution », conseille David Laurent.
Les indicateurs sont en effet évolutifs. Ils mettent en exergue le curseur en matière d’économie circulaire, pour mieux le déplacer. Lorsqu’un objectif de recyclage est atteint, comme au Crédit Agricole qui recycle désormais plus de 10 tonnes de cartes bancaires par an, l’entreprise peut alléger autrement son empreinte environnementale en développant, par exemple, l’éco-conception.
Le groupe bancaire vise notamment à changer son matériau de fabrication, pour passer du PVC issu du pétrole au PLA, un plastique à base de résine de maïs. L’étude recommande enfin d’intégrer davantage la dimension économique, pour identifier les bénéfices potentiels comme la réduction des coûts ou des risques.
(1) Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
(2) World Business Council for Sustainable Development