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Cosmétiques : la beauté en kit sous surveillance

Les cosmétiques faits maison commencent à grignoter des parts de marché, en surfant sur la défiance à l'égard de l'industrie et la vogue du naturel. Un développement rapide qui a conduit les autorités sanitaires et les organisations professionnelles à s'intéresser de près au sujet, pour clarifier un cadre juridique encore un peu flou et garantir au mieux la sécurité des consommateurs.

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(DR)

Par Christine Berkovicius

Publié le 12 nov. 2018 à 18:29

Faire ses cosmétiques soi-même, c'est tendance ! Pour s'en convaincre, il suffit de pousser la porte d'une des boutiques d'Aroma-Zone, un pionnier qui ne cesse de grandir après avoir démarré sur Internet il y a plus de dix ans. A l'intérieur, on se bouscule pour acheter des ingrédients le plus souvent naturels ou bio - huiles végétales, actifs, hydrolats, huiles essentielles etc., - et on réalise sa préparation chez soi en suivant pas à pas la recette proposée.

Signe de l'engouement pour le « do-it-yourself », les boutiques en ligne ont fleuri dans le sillage d'Aroma-Zone, comme MyCosmetik, La Compagnie des Sens, Waam… D'autres acteurs parient, eux, sur la mise au point de machines pour fabriquer ces cosmétiques maison, sous forme de robot ou de mini-laboratoire alimenté par des capsules de produit qui délivrent à la demande un soin minute personnalisé, tel Romy, une start-up qui a présenté son futur appareil au Consummer Electronic Show de Las Vegas, ou Emuage, porté par B2B Cosmetics, dont le prototype était visible lors du Salon Cosmetic 360 le mois dernier à Paris. « Aujourd'hui nous ne sommes plus sur un simple effet de mode mais sur un changement pérenne qui redonne la main au consommateur et marque un vrai tournant, dans tous les milieux, mais particulièrement chez les ados et les Millennials », analyse Anne Vausselin, directrice générale d'Aroma-Zone.

Soigner les bonnes pratiques

Activement relayée par les réseaux sociaux, la vogue du fait maison, même marginale en volume, commence à inquiéter les acteurs traditionnels, car ces nouveaux concurrents échappent aux contraintes réglementaires de l'industrie. L'an dernier, la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA) avait lancé une campagne sur YouTube pour sensibiliser les usagers aux bonnes pratiques. Il a y a quelques jours, c'est Cosmed, l'autre grande fédération professionnelle du secteur, qui s'est emparée du sujet. L'association, qui regroupe 800 PME, a lancé un groupe de travail avec pour but d'établir « une liste de recommandations partagées avec les autorités », explique son président Jean-Marc Giroux.

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« La réflexion tourne essentiellement autour de la sécurité du consommateur, et notamment des risques de mésusage », explique Vanessa Picot, inspectrice référente pour les cosmétiques à l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). En 2016 et 2017, l'autorité a réalisé 20 inspections et édicté 13 injonctions pour non-respect de la réglementation, en partie levées depuis grâce à « uneprise de conscience des acteurs qui a permis des amélioration ».

Durcir la réglementation

Mais tout n'est pas réglé. L'une des questions centrales tient au fait que seuls les produits vendus physiquement en kit tombent sous le coup du règlement cosmétique européen, qui régit strictement les professionnels du secteur. Les ingrédients, eux, y échappent sauf s'ils peuvent être utilisés purs.

Or l'ANSM considère que s'ils sont vendus avec une recette, l'ensemble, tel un kit digital, doit relever de la réglementation cosmétique au même titre qu'un produit fini. « Nous sommes sur des pratiques nouvelles qui n'avaient pas été envisagées lors de la rédaction du règlement. Internet a changé la donne. Nous avons fait remonter la question au niveau européen et nous espérons une adaptation en ce sens en 2019 », ajoute l'inspectrice.

Les entreprises, qui s'attachent déjà à démontrer l'innocuité de leurs recettes grâce à leurs toxicologues, vont devoir franchir un pas de plus, en sécurisant au maximum l'utilisation de leurs produits. Conseils aux clients, simplicité des formules, présentation adaptée des ingrédients, etc., la panoplie des exigences est vaste. Trop peut-être ? « Nous faisons déjà un gros travail, martèle Anne Vausselin, qui a obtenu la levée de l'injonction de l'ANSM en se pliant à ses demandes. Nous avons été durement pénalisés par des mesures injustes et démesurées. On nous demande maintenant d'aller plus loin. Où s'arrêtera le contrôle ? »

Christine Berkovicius (Correspondante à Orléans)

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