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L'Allemagne amorce le débat sur les livraisons d'armes à Riyad

Le meurtre de Jamal Khashoggi relance le débat sur les livraisons d'armes à l'Arabie Saoudite, deuxième importateur mondial d'équipements militaires derrière l'Inde. 

Pour équiper ses forces, l'Arabie Saoudite a le troisième budget militaire mondial derrière les Etats-Unis et la Chine. 
Pour équiper ses forces, l'Arabie Saoudite a le troisième budget militaire mondial derrière les Etats-Unis et la Chine. (BANDAR ALDANDANI / AFP)

Par Anne Bauer

Publié le 23 oct. 2018 à 10:25Mis à jour le 23 oct. 2018 à 17:03

Les campagnes menées depuis des mois par les ONG en faveur d'un embargo sur les ventes d'armes à l'Arabie Saoudite  en raison de la guerre au Yémen n'avaient jusqu'à présent guère eu de poids. Mais depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, les gouvernements sont sur la sellette. 

La chancelière allemande Angela Merkel s'est prononcée dimanche en faveur d'une suspension des exportations d'armes vers l'Arabie Saoudite, au moins «dans les circonstances actuelles ». Lundi, son ministre de l'Economie, Peter Altmaïer, a appelé les Européens à ne plus autoriser ces exportations tant que Riyad n'aura pas fait la lumière sur le meurtre de Jamal Khashoggi. 

Embargo à l'étude

Berlin a approuvé cette année l'exportation de plus de 400 millions d'euros d'armements vers l'Arabie Saoudite, son deuxième client à l'export. Reste à savoir si l'Allemagne ira jusqu'à bloquer des exportations déjà autorisées mais pas encore livrées.

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Ce débat frappe aussi de plein fouet le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. Ce dernier venait d'autoriser la livraison de 400 bombes à guidage laser à l'Arabie Saoudite après la confirmation par Riyad de l'achat à ses chantiers navals de cinq corvettes, un contrat d'1,8 milliard d'euros indispensable à la survie de l'entreprise Navantia. Le parti Podemos lui demande de revenir sur cette autorisation. 

De son côté, le gouvernement français n'a pour l'instant pas bougé : « Notre politique de contrôle des ventes d'armement est stricte et repose sur une analyse au cas par cas », a répondu le quai d 'Orsay.

Aux Etats-Unis, Donald Trump qui, dans un premier temps, n'a pas voulu remettre en cause les 110 milliards de dollars de contrats de l'industrie américaine, a baissé d'un ton. Il est conscient que le vote sur les ventes d'armes revient in fine au Congrès. 

Troisième budget mondial

De fait, avec le troisième budget militaire du monde (77 milliards de dollars en 2017) derrière les Etats-Unis et la Chine, et une industrie de défense locale embryonnaire, l'Arabie Saoudite est le client le plus courtisé des industriels de l'armement. Derrière l'Inde, le pays est le deuxième importateur d'armes au monde.

L'exemple espagnol est typique du dilemme posé par Riyad: Madrid aurait bien annulé les bombes à guidage laser, mais ne peut sacrifier son industrie navale. De même, Angela Merkel ne pourrait pas renoncer à la vente de 48 avions de chasse Typhoon à l'Arabie Saoudite. En France, l'Arabie Saoudite a repris à son compte un contrat d'équipements militaires variés (le contrat Donas) de plus de 2,5 milliards d'euros initialement destiné au Liban. Les livraisons sont en cours. 

Toutefois, les Etats-Unis, suivis du Royaume-Uni, sont de très loin les premiers fournisseurs d'équipements militaires de l'Arabie Saoudite. Ils pèsent pour plus de 80% de  l'équipement saoudien. Les fournisseurs européens: France, Allemagne, Italie, Espagne se plaignent d'ailleurs souvent de n'avoir que des miettes. 

Anne Bauer

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