En mai dernier, Guillaume Piat a porté sa microentreprise le Drone vert sur les fonts baptismaux. L'ancien salarié puis consultant de Canal+ en sécurité informatique, devenu gérant de l'emblématique groupe nivernais de percussions urbaines les Tambours du Bronx (durant treize ans), s'est reconverti dans le drone. En assumant son choix d'ancrer sa vie et le siège de son activité en zone rurale.
Le drone de Gillaume Piat – un Phantom IV, quadrimoteur électrique à hélices, homologué par la direction générale de l’Aviation civile (DGAC) – n'est pas destiné à des prises de vue touristiques. Le Nivernais a dédié son investissement (2.000 € auxquels il faut ajouter le prix – très élevé – des batteries) à la captation d'imagerie technique aérienne pour l'agriculture et l'industrie.
Le champ d'application balaye un large spectre : cartographie, topologie, numérisation 3D, suivi de chantier, inspection industrielle (ponts et structures, antennes-relais, éoliennes...), examen de toitures, calcul de cubatures et suivi de stocks de carrières, projets d’urbanisme de collectivités territoriales, monuments historiques, état des lieux après sinistres... Sans oublier les applications en agriculture comme le recalage de parcelles sur le cadastre, le calcul de surface, évaluation de dégâts de gibier (pour les agriculteurs, assurances, fédérations de chasse), les événements climatiques (gel, sécheresse, inondations).
Tout évolue extrêmement vite. Plus vite que l’informatique !
Avec cette activité de prise de vue technique par drone, puis le traitement informatique, Guillaume Piat conjugue compétences professionnelles et
passions : l'aéronautique (il a une licence de pilote privé depuis 2015) et l'informatique. La première pour le pilotage du drone, la seconde pour le traitement de l'imagerie.
Mais le créateur d'entreprise le dit haut et fort, « On ne s’improvise pas pilote de drone ! » Faire bourdonner un tel appareil c'est avant toute chose se former. Guillaume a suivi neuf formations, « très chères », appuie-t-il : vol automatique, imagerie agricole, thermographie...
Les activités liées au drone, « c’est très encadré. Il faut obtenir tous les certificats d’aptitude ». Et être toujours au top, dans ce secteur au volet sécurité essentiel : « Tout évolue extrêmement vite. Plus vite que l’informatique ! »
Dans le domaine de l’agriculture, Guillaume Piat espère bien être prêt, la saison prochaine, en juillet, pour la distribution de trichogrammes (*) dans le cadre de la lutte contre la pyrale du maïs. Avec cette distribution aérienne, « on peut traiter 40 hectares à l’heure contre 10 avec un tracteur. Et sans polluer ni dégrader les parcelles avec le passage de l’engin agricole. »
Même si ce n'est actuellement qu'au stade expérimental, Guillaume Piat garde un œil sur une autre application future du drone, là, équipé d’un capteur hyperspectral : la possibilité d’assurer le suivi des vignes pour lutter contre la flavescence dorée, véritable fléau qui peut mettre en péril un vignoble. Potentiellement, c'est sans aucun doute un intéressant marché, en terre nivernaise ou ailleurs. Car la microentreprise ne limite pas son territoire d’intervention à la Nièvre. Progressivement, le quadragénaire va ancrer sa petite structure dans le microcosme du drone. Et le Drone vert va... mûrir.
(*) Petites capsules contenant des insectes minuscules qui se reproduisent en parasitant les œufs des pyrales.
Contact. 06.64.91.07.77 ; [email protected] ; page Facebook.
Bio express
Né à Nevers, 41 ans. Deux ans à l’Institut supérieur de l'automobile et des transports (Isat), puis autant à Dijon et au Creusot (1997-1999) où il décroche deux DUT, en génie mécanique et en informatique. Il acquiert une qualification d’ingénieur IBM avec son expérience à Canal+ (à partir de 1999) comme salarié puis consultant en sécurité informatique. De 2004 à 2017, gérant des Tambours du Bronx. Eté 2017, il crée le Drone vert.
Texte et photos : Jean-François Perret
[email protected]
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