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Avec Pili, Jérémie Blache met la chimie verte au service de la couleur

A la tête de la société Pili, ce jeune entrepreneur s'appuie sur des bactéries et la chimie verte afin de fabriquer, pour le textile, les peintures et les plastiques, des colorants plus respectueux de l'environnement.

Jérémie Blache, cofondateur de Pili.
Jérémie Blache, cofondateur de Pili. (© Amanda Sellem pour « Les Echos Week-End »)

Par Florence Bauchard

Publié le 10 juin 2022 à 06:01

Une rencontre improbable

Pili est né du succès d'un atelier pédagogique créé par l'une des membres fondatrices, Marie-Sarah Adenis, lors de ses études à l'Ecole nationale supérieure de création industrielle. L'étude portait sur la production de colorants alternatifs à la pétrochimie, en utilisant la biomasse. Nous nous sommes rencontrés en 2013 dans le laboratoire collaboratif La Paillasse , alors que nous venions tous d'horizons très différents : de la musique et de la finance pour moi-même, du design et de la biologie pour Marie-Sarah Adenis, de la chimie pour Guillaume Boissonnat et de la biologie pour Thomas Landrain. Nous avons décidé de travailler ensemble sur un projet de réduction d'impact des colorants et des pigments sur l'environnement, en décrochant dès décembre 2014 le prix Coup de coeur du concours de start-up du Genopole d'Evry.

Au moins 50 % de réduction d'impact CO2

L'impact CO2 des colorants est souvent négligé dans le textile, les peintures ou l'emballage, alors qu'il représente de 10 à 50 % des émissions de carbone du cycle de vie d'un produit. Mondialement, ces émissions représentent 50 % de celles d'un pays comme la France, toutes origines confondues. En 2015, nous avons donc fondé Pili, sous les auspices de l'accélérateur de start-up IndieBio. Ce dernier fut lancé par le fonds d'investissement américain SOSV, l'un de nos premiers actionnaires avec le fonds français Elaia.

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Breveté, notre processus de fabrication passe d'abord par de la fermentation , puis des étapes de chimie verte, dont la photocatalyse, moins gourmande en énergie que le pétrole, pour convertir ces molécules en colorants et en pigments. A Toulouse, nous sélectionnons les souches de bactéries en fonction de leur capacité à convertir plus efficacement en produits intermédiaires les sucres issus de la mélasse, de céréales, de bois et demain de déchets papetiers. Ces molécules sont ensuite transformées en colorants et pigments par notre laboratoire commun avec le Conservatoire national des arts et métiers, à Paris. En moyenne, nous visons une baisse d'au moins 50 % des émissions de CO2 des colorants et pigments, et jusqu'à 80 % dans certains cas.

Jérémie Blache dans les bureaux de Pili, rue Charlot à Paris.

Jérémie Blache dans les bureaux de Pili, rue Charlot à Paris.© Amanda Sellem pour « Les Echos Week-End »

Les premiers jeans cette année

Nous développons aujourd'hui à l'échelle industrielle un colorant indigo pour le textile. Les premières centaines de jeans produites avec notre colorant sortiront cette année. Nous travaillons à la fois pour l'Europe, l'Asie, le Moyen-Orient et l'Amérique. La construction d'un pilote débutera d'ici fin juin en région lyonnaise. Notre équipe d'une trentaine de personnes devrait s'étoffer à cette occasion de trois recrues. Le démonstrateur suivra en 2023. Pour l'usine prévue en 2024, le choix du site n'est pas encore fixé, mais nous souhaitons l'implanter en France.

Des opportunités au-delà de la couleur

Nous prévoyons de boucler un nouveau tour de table de 15 millions d'euros avant la fin de l'année. Ajoutés aux différentes aides dont nous avons pu bénéficier encore tout récemment dans le cadre du plan France Relance, de l'Agence nationale de la recherche ou d'un projet européen triennal sur les encres biosourcées, nos financements frisent 30 millions d'euros en cumul. Après l'industrialisation de pigments pour les encres, les peintures et les plastiques en 2023, nous développerons des colorants textiles pour les fibres synthétiques et cellulosiques comme le coton, le lin ou le chanvre. Nos intermédiaires pourraient également servir dans le futur à fabriquer des matériaux ainsi que des ingrédients pour l'alimentaire et la cosmétique.

Propos recueillis par Florence Bauchard

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