Horticulture
Astredhor : quand le végétal se digitalise

Astredhor, l’Institut des professionnels du végétal, conduit chaque année plus de 80 projets d’innovation dans la filière du végétal, notamment grâce à des jardins d’essais botaniques. Depuis 2016, Lyon est devenue une station d’expérimentation avec un jardin ouvert au grand public pour communiquer sur le végétal. Sa particularité ? Ses mini-jardins sont connectés, grâce à des puces NFC. 

Astredhor : quand le végétal se digitalise
Les bacs végétaux d’Astredhor, répartis à l’entrée du jardin botanique du parc de la Tête d’Or. ©Charlotte Bayon

Dans le 6e arrondissement de Lyon se trouve un réel poumon vert : le jardin botanique du parc de la Tête d’Or. À son entrée trônent 66 bacs végétalisés, assemblés de manière esthétique et judicieuse. Légumes, plantes vivaces, aromatiques, annuelles, arbustes sont réunis dans ces bacs, installés par Astredhor. Ce partenariat, acté en 2016, Bernard Darfeuille, responsable technique et opérationnel chez Astredhor, en est très fier. « Ce qui nous lie au parc de la Tête d’Or, c’est le végétal. C’est une passion commune. Il nous parait très intéressant d’offrir du végétal et de l’expérimenter dans des lieux qui y sont peu propices au départ », explique-t-il. 

Le potentiel urbain

L’objectif, explique Bernard Darfeuille, est de « sélectionner les plantes les mieux adaptées aux conditions climatiques du milieu urbain » et pour y parvenir, il faut suivre leur comportement. « Nous testons les différentes espèces selon plusieurs critères : résistance à la sécheresse, chaleurs prolongées, contraintes de hauteur, volume, floribondité… pour faire découvrir nos résultats aux professionnels, et faire découvrir les variétés au grand public. Le consommateur, le jardinier, a tout à apprendre du végétal. Notre rôle est de l’accompagner pour qu’il l’adopte », assure Bernard Darfeuille. Pour Astredhor, la filière horticole peut s’inscrire dans la mouvance de l’agriculture urbaine. En choisissant des espèces adaptées, les mini-jardins ont en effet un potentiel immense pour s’inscrire dans le paysage urbain en pleine mutation face à des enjeux environnementaux grandissants. Verdure omniprésente ou encore le développement du fleurissement toute l’année font partie des atouts de la filière. 
Le parc de la Tête d’Or, qui accueille plus de trois millions de personnes chaque année, permet d’être en contact avec un public hétérogène. Familles, étudiants, touristes ou encore retraités, tous profitent des jardins sous forme de mise en scène : jardins de légumes, plantes aromatiques et plantes auxiliaires, mini-jardins de petits fruits et arbres fruitiers nains, ou encore des jardins adaptés aux balcons, terrasses, agencés selon différents thèmes. Et pour aller plus loin, Astredhor a décidé de digitaliser son installation : un moyen de s’inscrire dans l’air du temps et d’être au plus proche du grand public, en lui offrant les informations nécessaires et lui permettre d’en connaître davantage sur le végétal.

Des bacs végétaux connectés

Ainsi, depuis 2017, les bacs affichent des puces NFC, qui permettent de scanner des QR codes, après avoir téléchargé une application. Ainsi, le visiteur peut, grâce à cette puce, obtenir des informations et des conseils sur les végétaux présents dans le bac. L’objectif est de lui donner envie d’adopter du végétal, l’associer et l’entretenir. Depuis cette installation, entre 5 000 et 8 000 personnes cliquent chaque année, et notent sur cinq les végétaux appréciés. Prochaine étape : s’étendre au paysage français, en commençant par d’autres arrondissements lyonnais, dans des parcs, des squares, puis conquérir d’autres villes comme Bordeaux ou Paris.

Charlotte Bayon

 

Un rendez-vous international

Le parc de la Tête d’Or

Si les 66 bacs végétaux sont une véritable curiosité pour les visiteurs du parc de la Tête d’Or, ils sont également un rendez-vous entre experts et passionnés venus du monde entier. Obtenteurs étrangers et chercheurs viennent observer les végétaux choisis. « Ils identifient la forme du pétale, le positionnement des étamines, ils observent le comportement du végétal en milieu urbain, sous une latitude différente, pour les comparer à des comportements dans d’autres milieux. Au Japon par exemple, ce serait différent », explique Bernard Darfeuille. Pour tester toutes ces variétés, il a fallu s’associer avec plusieurs acteurs du végétal. « Notre filière horticole n’a pas la capacité à tester toutes ces variétés auprès des obtenteurs. Nous les avons donc réunies en un seul espace, un jardin d’expertise. Nous travaillons avec des obtenteurs, des chercheurs internationaux allemands, suisses, français, américains… » Ce jardin est donc un lieu important de cueillette d’informations pour les professionnels et un lieu de découvertes multiples pour le grand public.

Zoom sur Astredhor

Initialement Ratho (Rhône-Alpes technique horticole), l’institut a été créé en 1986 à l’initiative des professionnels dans l’ouest lyonnais. Sa mission : concevoir et créer des programmes innovants pour améliorer les performances techniques agronomiques des entreprises. Le Ratho est devenu ensuite Astredhor en 1995. Reconnu par l’État comme institut technique agricole depuis 2008, il est implanté dans plusieurs régions à travers sept sites.

Ses actions

Astredhor est un institut spécialisé dans la recherche et l’innovation : chaque année, il conduit environ 85 projets de recherche. Depuis sa création, l’institut a mis à disposition 5 000 résultats d’essais. Il accompagne également les professionnels dans l’expertise végétale, avec 400 professionnels conseillés et 200 professionnels 
formés. L’institut regroupe plus de 70 techniciens, docteurs et ingénieurs, répartis sur les différents sites, au sein de plusieurs régions françaises. Son objectif : répondre aux besoins de la filière et des politiques publiques. Depuis 2017, après la création du partenariat avec le parc de la Tête d’Or, Astredhor communique sur le végétal au travers d’un nouveau jardin-démonstration. Un lieu important de communication, de partage et d’évènements, destiné aux professionnels comme au grand public, avec un intérêt mutualisé : le végétal.

Charlotte Bayon