Accueil

Société Agriculture et ruralité
Derrière la faillite d'Agricool, le difficile essor des start-up de la "foodtech"
« Le modèle gagnant de l’agriculture urbaine, ce sont des fermes de grande taille installées en zone périurbaine. Pas des conteneurs qu’on empile en cœur de ville pour faire pousser des herbes », tranche un expert de la foodtech. Ici, une ferme urbaine à Nanterre.
Hans Lucas via AFP

Article abonné

Derrière la faillite d'Agricool, le difficile essor des start-up de la "foodtech"

Food-tage de gueule ?

Par

Publié le

Je m'abonne pour 1€

Agricool avait séduit tout le gratin du monde des affaires, dont Xavier Niel. La start-up promettait de nourrir la planète avec des fruits et légumes cultivés en ville dans des conteneurs high-tech. Pas de chance, la société vient d’être placée en redressement judiciaire. L’agriculture urbaine n’est pas le seul secteur de la foodtech à se chercher un modèle. Dans le quick commerce et les substituts de viande, beaucoup de prétendues pépites sont encore sous perfusion.

« Techniquement, c’est génial, il n’y a rien à redire. Mais économiquement, ça ne tient pas », lâche dépité, un investisseur historique d’Agricool, placée en redressement judiciaire. Sur le papier, en effet, le concept de ces fermes « indoor » est séduisant : pouvoir produire n’importe quand et n’importe où – en ville, dans l’espace, dans le désert - des fruits et légumes avec des rendements élevés et stables, le tout sans avoir recours aux pesticides. Seulement voilà, cela coûte un bras à produire. C’est peu de le dire. Guillaume Morel-Chevillet, chercheur à l’Institut des professionnels du végétal (ASTREDHOR), l’atteste : « Cultiver des fraises dans ces fermes nécessite de faire tourner des LED et de réguler la température et l'hydrométrie pendant trois mois. À ce compte, le prix de revient est élevé ». Trop en tout cas comparé aux fraises que l’on trouve au supermarché. « Le modèle gagnant de l’agriculture urbaine, ce sont des fermes de grande taille installées en zone périurbaine. Pas des conteneurs qu’on empile en cœur de ville pour faire pousser des herbes », tranche un expert de la foodtech. Un détail qui a visiblement échappé aux investisseurs, pourtant aguerris, d’Agricool et qui ont englouti au bas mot 35 millions d’euros dans l’aventure.

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne