Biosedev s’inspire de la nature

Créée en 2019, la startup Biosedev a développé un procédé innovant d’extraction de molécules végétales dont les propriétés sont de plus en plus recherchées par les consommateurs et donc les industriels.

Romain Mudrak

Le7.info

C’est un enjeu de société majeur… Comment remplacer un maximum de produits dérivés du pétrole par des molécules issues du vivant, autrement dit biosourcées et renouvelables ? 
Des initiatives apparaissent un peu partout dans le monde. Mais en termes de recherche et développement, la pétrochimie possède plusieurs longueurs d’avance, fruit d’un siècle et demi d’existence. Dans ce domaine, la startup poitevine Biosedev se démarque par un procédé de déconstruction de la matière végétale innovant, qui permet d’extraire finement des molécules aux propriétés spécifiques recherchées. L’idée ? Casser les polymères qui constituent ces matières végétales par un système de broyage à sec permettant des réactions chimiques. Pas besoin de faire chauffer un liquide dans un ballon ! Ici, ce sont des centaines de petites billes qui vont créer l’énergie nécessaire en s’entrechoquant et fragmenter la matière. « On se passe totalement des solvants parfois dangereux ou même de l’eau qui peut être difficilement retraitée par la suite », explique Florent Boissou. C’est lui le premier qui a vu tout l’intérêt de ce procédé pendant ses années de thèse effectuées entre l’Institut de chimie des milieux et des matériaux de Poitiers (co-piloté par l’université et le CNRS) et la société biotechnologique ARD située près de Reims. Ce procédé s’est révélé d’autant plus pertinent qu’il valorise des déchets verts écartés de l’industrie agroalimentaire et que l’on trouve en local (sciure de bois, pulpe de betterave, mare de pommes, paille, roseaux, bambous…).

Une demande 
du marché

Installé sur le campus de Poitiers, Biosedev a reçu un financement de la Région pour soutenir le développement de cette chimie vertueuse. La startup propose aussi des prestations de service en faveur de donneurs d’ordres à la recherche de molécules biosourcées. 
« C’est une demande du marché. Les industriels veulent obtenir des labels qui rassurent les consommateurs, qui eux-mêmes exigent des produits de plus en plus naturels et issus des circuits courts », note Julien Souquet-Grumey, ingénieur chimiste co-gérant de Biosedev. Le secteur de la cosmétique est particulièrement soumis à cette tendance de fond. L’agroalimentaire est en quête d’alternatives aux colorants et autres additifs, à commencer par le dioxyde de titane désormais interdit. Plus surprenant, la startup développe aussi des molécules qui stimulent les défenses des plantes et accélèrent leur croissance… De quoi compenser les baisses de rendement constatées dans le bio ?

Plus d’infos sur biosedev.com

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