Interview « L’algue n’est pas une menace » : pour pouvoir récolter des algues en Normandie, un collectif va se créer

Sylvie Chopin, directrice innovation du groupe Gilbert à Hérouville, a animé une conférence sur les algues à Cherbourg ce 29 mars 2024. Miracle ou fléau ? Elle nous en dit plus.

Cette conférence « Les algues, fléau ou solution miracle pour l'Homme ? », coanimée par Sylvie Chopin dans le cadre de Génération Océan à La Cité de la Mer de Cherbourg, vendredi 29 mars, a été suivie par 356 collégiens des établissements de Marcel-Grillard de Bricquebec, André-Miclot de Portbail, de Saint-Joseph à Cherbourg-Octeville et de Diderot à Tourlaville.
Cette conférence « Les algues, fléau ou solution miracle pour l’Homme ? », coanimée par Sylvie Chopin dans le cadre de Génération Océan à La Cité de la Mer de Cherbourg (Manche), vendredi 29 mars 2024, a été suivie par 356 collégiens manchois. (©Juliette VOISIN)
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Sylvie Chopin, directrice innovation et développement des Laboratoires Gilbert à Hérouville-Saint-Clair (Calvados), était à Cherbourg-en-Cotentin (Manche), vendredi 29 mars 2024, pour animer une conférence sur les algues dans le cadre de Génération Océan. Fléau ou miracle ? Elle nous en dit plus. 

Actu : Vous venez de coanimer une conférence « Les algues, fléau ou solution miracle pour l'Homme ? ». Quel est votre avis sur la question ?

Sylvie Chopin : J'espère que nous avons réussi à démontrer que les algues sont plus un miracle pour l'Homme qu'un fléau. Elles ont souvent une mauvaise perception parce qu'on les pense algues d'échouage mais, nous, en tant que chercheurs, notre intérêt est de les utiliser parce qu'elles ont plein d'effets bénéfiques pour la santé.

« Les algues sont plus un miracle pour l’Homme qu’un fléau »

Dans quels domaines l'algue est-elle utilisée actuellement en France ?

S. C. : On l'utilise principalement au niveau alimentaire. Au niveau nutritionnel, elle a un vrai intérêt car elle est composée de sucre, de protéines, d'acides gras et de vitamines et de pigments. D'un point de vue cosmétique, elle est intéressante car elle a des effets anti-âge, hydratante, antioxydante, apaisante, cicatrisante... L'algue est aussi utilisée dans certains médicaments, pour les matériaux de construction, pour le biocarburant. Il y a énormément d'usages aujourd'hui.

Ce sont les algues de nos côtes de la Manche qui sont exploitées ?

S. C. : Aujourd'hui, dans la Manche et en Normandie en général, on n'a pas le droit de récolter les algues, ce n'est pas inscrit dans le code rural contrairement à la législation en Bretagne où les affaires maritimes ont déposé des autorisations aux récoltants pour aller puiser les algues. Nous utilisons des algues qui viennent donc de Bretagne ou d'ailleurs dans le monde. Elles ne viennent pas malheureusement de Normandie.

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Vous aimeriez pouvoir récolter les algues normandes ?

S. C. : C'est ce que nous essayons de faire avec un collectif de différents industriels et d'acteurs publics pour mettre en lumière la ressource qui existe sur nos côtes normandes. Dans le Cotentin, dans le Calvados et même quand on remonte au niveau de la Seine, il y a des ressources : des champs de sargasses [genre d'algues brunes, N.D.L.R.], d'entéromorphes [genre d'algues vertes, N.D.L.R.] qu'on pourrait exploiter. On connaît déjà leur intérêt et comment les exploiter, reste à lever le verrou de cette partie : comment organiser leur récolte tout en respectant le milieu marin, en ne détruisant pas la biomasse intéressante pour les oiseaux, les mollusques, etc. ?

Comment s'appelle ce collectif ?

S. C. : Le 13 mai, on va créer l'association lors d'une assemblée générale. Elle s'appellera la FNA, filière algue normande, où Gilbert, Algaia et d'autres entreprises qui travaillent la culture des algues feront partie des administrateurs mais aussi le Comité régional de la conchyliculture par exemple car il y a un intérêt pour eux. Depuis deux-trois ans, on s'est réunis autour du Smel autour de ce projet.

« Il y a énormément d’usages aujourd’hui »

L'algue n'est donc pas une menace ?

S. C. : Non, l'algue n'est pas une menace mais une opportunité. Récolter les algues qui s'échouent sur nos côtes est intéressant pour les collectivités territoriales car elles nuisent au tourisme, aux gens qui veulent accéder à la mer. L'idée est aussi de cultiver des algues hors-sol. On a plusieurs sociétés qui réfléchissent à en cultiver dans des bassins ostréicoles.

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C'est-à-dire ?

S. C. : Par exemple, l'entéromorphe peut se cultiver sur des poches d'huîtres. Comme on sait qu'en Normandie, on a cette tradition ostréicole et myticole, sur les moules de bouchot on peut cocultiver des micro et macro-algues. On y réfléchit aussi au niveau des éoliennes, qui sont des supports pour les algues. Tout ça doit se réfléchir au niveau environnemental.

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