Florimond Desprez prépare les semences de demain face au changement climatique
Le groupe familial nordiste, leader des semences de betterave sucrière mais aussi très présent dans le blé et les plants de pomme de terre, a sécurisé un plan de financement de 40 millions d'euros avec la BEI. Il se positionne comme un obtenteur de variétés de grandes cultures adaptées à l'évolution des conditions agroclimatiques.
Par Olivier Ducuing
La rouille noire du blé, la jaunisse ou le Syndrome de basse richesse (SBR), qui touchent les betteraves sucrières : autant d'affections nouvelles des végétaux directement liées au changement climatique et aux hivers trop doux. Alors que son métier historique avait plutôt porté à se focaliser sur les rendements, Florimond Desprez se positionne comme un obtenteur de variétés de grandes cultures adaptées à l'évolution des conditions agroclimatiques.
C'est dans ce cadre que le groupe familial presque bicentenaire vient de nouer un accord de financement avec la Banque européenne d'investissement à hauteur de 40 millions d'euros - au titre du Fonds européen pour les investissements stratégiques -, complété d'un prêt de 10 millions d'euros avec le Crédit agricole nord de France. « La problématique climatique accélère clairement les maladies des plantes, auxquelles s'ajoute le stress hydrique notamment », explique Marin Desprez, directeur de la stratégie du groupe nordiste.
Pas de plantations en Ukraine
La sélection devient un jeu complexe mariant des critères de plus en plus nombreux, dont la nécessité de trouver et de développer des semences moins gourmandes en engrais azotés, résistantes à des épisodes climatiques extrêmes, mais aussi stables en rendement et en goût et cohérentes avec les contraintes de production. La question des engrais devient d'ailleurs doublement stratégique, en raison de leur coût pour les exploitants (qui ont quadruplé depuis l'invasion de l'Ukraine) mais aussi de leur très mauvais bilan carbone.
Florimond Desprez est surtout spécialisé dans la betterave sucrière - dont il est le leader mondial -, les céréales à paille et les plants de pommes de terre. L'entreprise se développe fortement depuis plusieurs années, son chiffre d'affaires étant passé de 230 millions d'euros en 2015 à 300 millions aujourd'hui, tandis que l'effectif a été porté de 940 à 1.200 salariés. Des équipes très orientées vers l'innovation, avec pas moins de 450 chercheurs entre le siège de Cappelle-en-Pévèle et des centres de recherche situés essentiellement en Europe.
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Si le groupe a plutôt bien traversé la crise sanitaire, malgré un secteur de la pomme de terre - donc des frites - touché par les fermetures des restaurants, il se trouve aujourd'hui rattrapé par la crise entre l'Ukraine et la Russie, deux gros pays producteurs de betteraves. Les semences ont pu être envoyées juste avant les hostilités, mais n'ont pu être plantées. « Or dans ces pays, les clients nous paient à la récolte », explique Marin Desprez, qui estime cependant être bien moins impacté que bien des entreprises françaises, directement pénalisées par le jeu des sanctions.
Olivier Ducuing (Correspondant à Lille)