Manger une pomme par jour tiendrait le médecin éloigné. Et manger des microalgues alors ? La PME Algosource en fait le pari. L’entreprise de 25 personnes fabrique et vend des compléments alimentaires et ingrédients nutraceutiques composés de ces végétaux. Elle souhaite finaliser une levée de fonds de 15 millions d’euros, afin d’accélérer son développement dans le secteur de la santé, un domaine vers lequel l’entreprise s’est tournée il y a quelques années. "Nous avons déjà un fonds d’investissement qui s’est positionné en leader. Nous cherchons actuellement un co-investisseur pour sécuriser l’opération", détaille Aymeric Loloum, directeur général d’Algosource, qui réalise actuellement 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Dans les deux ans à venir, l’entreprise souhaite doubler ses effectifs et doubler son chiffre d’affaires.
Une extraction à l’eau et à froid
L’un des produits de l’entreprise, composé de principes actifs issus de la spiruline, est testé en phase clinique. Il vise à réduire les effets indésirables des chimiothérapies utilisés contre les cancers digestifs. "Actuellement, la seule manière de réduire ces effets secondaires est de diminuer le traitement. Un marché mondial s’offre potentiellement à nous", souligne le directeur général. En comparaison au secteur alimentaire où règne une forte concurrence, le virage vers la santé permet à l’entreprise de mieux valoriser son procédé d’extraction des principes actifs à l’eau, à froid, sans solvant ni produit chimique. "Ce procédé permet de ne pas dénaturer les principes actifs naturels, qui peuvent être thermosensibles, ce qui nous offre une forte valeur ajoutée", justifie Olivier Lépine, directeur scientifique et technique d’Algosource. Le premier patient a été intégré dans l’étude clinique en avril 2022. Les résultats sont attendus pour 2025.
Entrer dans une routine de prescription
Algosource mise en parallèle sur plusieurs projets, et teste des principes actifs issus d’autres microalgues. "Nous avons de premières démonstrations chez l’homme, notamment pour la prévention de maladies hépatiques, et de maladies cardiaques comme l’athérosclérose. Nous travaillons à un stade plus précoce sur certaines maladies pulmonaires", détaille Aymeric Loloum. Ces différentes études doivent à terme permettre à Algosource de rentrer dans une routine de prescription, puis de remboursement.
Une nouvelle usine en projet
La société est aujourd’hui scindée entre un site à Assérac (Loire-Atlantique), qui se charge de la R & D, et une unité d’extraction plus importante à Guérande. "Notre objectif est de nous rassembler au sein d’une nouvelle usine pour multiplier par dix nos capacités de production. Nous pourrons ainsi répondre aux différents marchés de la santé que nous visons", annonce Aymeric Loloum. Cette future usine devrait voir le jour dans les deux ans à venir, à Saint-Nazaire. Elle sera non loin d’AlgoSolis, une plateforme de recherche du laboratoire Gepea dédiée aux microalgues et partenaire de longue date d’Algosource. De là à y voir le début d’un pôle d’excellence dans les microalgues ? "L’idée serait d’avoir une centaine de personnes dans cette zone, et d’enclencher un effet d’aspiration des talents qui exercent dans ce domaine. Nous pourrions attirer des start-up comme Algolight, AGS Therapeutics, ou encore Bluecare Discovery", imagine Olivier Lépine.
